Rencontres de l’emploi : « Faire du numérique un véritable pouvoir d’agir au service des actifs » (Myriam El Khomri)

Pour les deuxièmes Rencontres de l’emploi organisées mardi 17 janvier 2017 à Paris par Pôle emploi, la ministre du Travail, Myriam El Khomri, est revenue sur l’enjeu des mesures mises en œuvre par le gouvernement pour accompagner les multiples incidences de la révolution numérique.

Ne pas faire peur mais tracer un chemin pour permettre à chacun d’avoir la maîtrise de sa vie professionnelle, telle est l’ambition de la ministre du Travail. Pour « faire du numérique un véritable pouvoir d’agir au service des actifs », Myriam El Khomri rappelle avoir structuré son action autour de trois axes. Centré sur le développement des compétences des actifs, le premier doit permettre à la formation professionnelle de servir l’économie et l’emploi, mais aussi d’incarner un « puissant vecteur de justice sociale ». Posant le contexte — 50 000 postes sont non pourvus dans le secteur du numérique, près de 190 000 postes à pourvoir d’ici 2022, 105 des 149 nouveaux métiers apparus depuis 2010 qui émargent au numérique —, la ministre rappelle que le gouvernement a créé en 2015 la Grande École du Numérique. Coalition d’acteurs publics et privés, l’initiative est aujourd’hui forte de 171 formations labellisées qui concernent 4 000 jeunes, dont environ 50 % de bénéficiaires peu ou pas qualifiés et 30 % de femmes, notamment issus des territoires ruraux et des quartiers de la politique de la ville.

Au-delà des activités spécifiques au numérique, l’ensemble des activités professionnelles sont bien sûr concernées, ainsi qu’en témoigne le COE (voir notre article), selon lequel près de 10 % des emplois risquent la disparition et 50 % vont voir leurs contenus évoluer. D’où la responsabilité collective de préparer chacun à acquérir de nouvelles compétences. Pour la ministre du Travail, c’est là tout le sens du compte personnel d’activité (CPA) qui repose sur trois grands principes : l’autonomie, l’universalité et la justice sociale. Et c’est bien à cet égard que le dispositif créé par la loi Travail renforce, selon elle, les possibilités d’accès à la formation des moins qualifiés, avec un droit à la nouvelle chance pour tout jeune sorti du système scolaire sans qualification et le doublement du capital d’heures engrangé au titre du compte personnel de formation (CPF) pour les salariés et agents du secteur public les moins qualifiés.

Elle le souligne également, les branches professionnelles ont aussi un rôle à jouer, comme en témoigne l’engagement de développement de l’emploi et des compétences (Edec) qu’elle a signé en novembre dernier avec huit branches des secteurs textiles-mode-cuirs pour accompagner la transformation numérique.

Le deuxième axe concerne, lui, la montée en puissance des usages numériques du service public de l’emploi, qui repose notamment sur les conseillers de l’opérateur mais aussi, rappelle-t-elle, sur les près de 2 200 volontaires du service civique déployés en agence pour accompagner les usagers à la maîtrise des nouveaux outils. Troisième et dernier axe, la question de la protection des actifs face aux excès du numérique, est enfin l’occasion de rappeler que l’innovation technologique peut aussi servir la lutte contre les discriminations, à condition d’agir dès la conception des outils numériques. Et de conclure : « Nous ne sommes pas en présence d’un sujet technique, mais d’un sujet éminemment politique.»

source http://www.actualite-de-la-formation.fr